Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/90

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nos États méridionaux. Là, en effet, ils trouvent des reptiles et des poissons en abondance, et la température est parfaitement appropriée à leur organisation.

En traitant de ce même Ibis, M. Will. Barthram dit : Cet oiseau ne s’associe pas en troupes, mais demeure généralement solitaire ; assertion que Wilson a répétée, et après lui tous ceux qui ont écrit sur ce sujet, sans autre raison, probablement, que la croyance où ils étaient que les premiers avaient eux-mêmes constaté le fait. Or, dans cette espèce, c’est précisément tout le contraire. Je suis fâché d’avoir à relever cette erreur ; et M. Barthram ne l’aurait peut-être pas commise, s’il eût eu plus d’occasions d’observer l’oiseau dont il s’agit sur les lieux mêmes.

L’Ibis des bois ne se rencontre presque jamais isolé, même après la saison des œufs ; et il est bien moins rare, à toute époque, d’en voir une centaine ensemble que d’en trouver un qui soit seul. Pour moi, j’en ai vu des troupes composées de plusieurs milliers ; et c’est la nature même qui leur fait une nécessité de se réunir ainsi. Ils ne se nourrissent que de poisson et de reptiles aquatiques, dont ils détruisent une énorme quantité, et bien plus qu’ils n’en peuvent manger. Après en avoir tué pendant une demi-heure et s’être bien gorgés, ils laissent ce qui reste sur l’eau, sans y toucher, riche pâture abandonnée aux crocodiles, aux corbeaux et aux vautours. Pour pêcher, ils se mettent en nombre et parcourent les endroits peu profonds des lacs et des marais bourbeux. Dès qu’ils ont découvert une place où le poisson abonde, ils commencent tous à danser dans