Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/103

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Que s’était-il donc passé à Fort-Dauphin, qui put représenter au gouvernement général la situation comme si critique ?

Le commandant Leblanc avait, cantonnées dans son cercle, six compagnies comptant six cent soixante-treize hommes, commandés par vingt officiers français et trente sous-officiers et caporaux, soit environ sept cents fusils modèle 1886.

C’était là une force importante, largement suffisante pour faire face aux bandes révoltées, armées de rares fusils 86, de vingt ou trente armes de type 74, et de fusils à pierres ; bandes sans cohésion, sans discipline, mal ou même non commandées.

Mais le commandant de Fort-Dauphin avait commis la faute grave de disséminer ses forces entre vingt-cinq postes, dont certains étaient garnis de neuf, huit, six, cinq et même quatre tirailleurs. À Fort-Dauphin, chef-lieu du cercle, siège du commandement militaire, d’où, en cas de nécessité, devaient partir les renforts destinés aux postes menacés, le commandant Leblanc n’avait gardé que quarante-quatre hommes. Encore, au point de vue effectif militaire utile, fallait-il défalquer de ce chiffre, au moins comme non utilisables rapidement, tous les comptables, tous les employés.

D’autre part, ainsi que nous l’avons déjà constaté à Ranomafana, les postes n’étaient pas tous en état de défense : pas de parapet, pas de fossé, pas de palissade, pas de réduit central, des munitions en quantité insuffisante. Dès le début des événements, le commandant Leblanc ne prit pas les mesures efficaces. Il négligea de porter à la connaissance de tous les postes les événements d’Amparihy ; ainsi, nous l’avons vu, à Esira, le sergent Pietri ignorait ce que savaient tous