Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/102

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à Diego, se trouvait hors d’état de prendre la mer, d’aller dans le sud, de transporter des renforts et chercher des nouvelles.

L’anxiété était d’autant plus grande à Tananarive que la confiance dans le chef de la province de Fort-Dauphin n’était pas sans restrictions.

Le commandant Leblanc, de l’Infanterie coloniale, était un obèse, sans activité physique, se déplaçant d’autant plus rarement et difficilement que les bourjanes succombaient sous le poids d’un filanjana chargé de 120 kilogs. Cette pesanteur physique retentissait sur l’activité de l’esprit.

Dès le 12 décembre, le gouvernement général télégraphiait au commandant Vache : « Situation très mauvaise est cercle Fort-Dauphin, y envoie par prochain Pernambuco deux compagnies sénégalaises. En attendant leur arrivée, nécessaire que puissiez plus rapidement possible porter vos forces vers Fort-Dauphin, pour éviter extension mouvement insurrectionnel. »

Le 16 décembre, ordre encore plus pressant : « Sans nouvelles de Fort-Dauphin depuis 10 décembre, date à laquelle ce poste était très menacé ; vous invite donc à envoyer, à marches forcées, partie imposante de vos forces directement sur Fort-Dauphin par voie plus courte pour éviter désastre : par exemple une compagnie sénégalaise avec approvisionnements suffisants vivres pour gagner Manantenina. Ce détachement devra continuer jusqu’à ce qu’il ait nouvelles certaines Fort-Dauphin en sécurité, soit par arrivée renforts, soit pour autre cause. Intérêt majeur envoi ce détachement même quand devriez négliger pendant son absence groupements rebelles plus au sud. Accuser réception et rendre compte. »