Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/144

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Dauphin confirme mes précédentes explications sur les causes primaires de la rébellion.

« Le pays était entièrement calme et pouvait être parcouru sans escorte en tous sens ; dès l’annonce des événements d’Amparihy, une tribu, celle des Imahos, s’est mise à la disposition du lieutenant Barbassat, pour le conduire à la rencontre des fahavalos et il a suffi de l’irruption soudaine de 800 rebelles et de la mort de M. Hartmann pour soulever toute la région de l’est de la Mandrare.

« Il est difficile de ne pas voir là un brusque réveil des instincts pillards et cruels des habitants de ces régions ».

En exposant cette thèse sur les causes de l’insurrection, attribuée à la mentalité barbare et indisciplinée des populations du sud, le général Galliéni était d’une entière bonne foi. Je suis arrivé à cette conclusion, parce que j’ai pu me rendre un compte exact de la façon dont s’était établie sa conviction. Il avait été renseigné par des sous-ordres, dont tout l’intérêt était de dissimuler des faits, qui auraient fourni des raisons de l’insurrection engageant gravement leur responsabilité. Certes, nul ne nierait que les populations du sud fussent demeurées sauvages, que notre autorité, tendant à transformer leurs mœurs, à les imprégner de civilisation, les gênât, que cette contrainte fut mal supportée, que partout existât le regret de la vie barbare. Un tel état d’esprit constituait évidemment une disposition à la révolte, mais pour que de latent il devint bruyamment manifeste, il fallait une cause occasionnelle, génératrice de l’explosion, d’autant que, — le général Galliéni le faisait remarquer —, l’insurrection, coup de tonnerre dans un ciel serein, avait éclaté