Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/145

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alors que rien ne la faisait prévoir. La tranquillité était réellement parfaite ; tout le pays de Fort-Dauphin pouvait être parcouru sans escorte.

Rassuré par les rapports officiels, tous très optimistes, de ses administrateurs, le gouverneur général devait s’étonner d’un si brusque revirement. Aussi bien, dès le début de l’insurrection, les chefs des provinces de Farafangana et de Fort-Dauphin, fournirent-ils une explication : la même.

Le 24 novembre, six jours après l’assassinat de Vinay, M. Benevent, chef de la province de Farafangana, télégraphiait à Tananarive :

« Des quelques éléments d’information que je possède, cet état d’esprit (insurrectionnel) serait le résultat de l’augmentation de la taxe personnelle ».

Les fonctionnaires de ces provinces avaient été, d’une façon générale, opposés au relèvement de la taxe personnelle. Vivant au milieu des indigènes, ils connaissaient leur pauvreté, la difficulté avec laquelle ils se procuraient les sommes réclamées par l’impôt, et aussi les difficultés auxquelles, eux les percepteurs, se heurtaient pour en assurer la rentrée. Mais la valeur des fonctionnaires était souvent jugée par les bureaux de Tananarive d’après la quantité des sommes perçues et la date à laquelle la totalité des taxes avait été versée. La chasse à l’impôt, grossi chaque année par l’accroissement des dépenses, était la principale préoccupation des administrateurs. Toute augmentation des taxes leur imposait un surcroît de travail et une pression plus forte à exercer sur les contribuables.

Attribuer la révolte à l’effet des contributions nouvelles, c’était rejeter toute la responsabilité de