Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/154

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principe, envisagées : 1° La question de l’impôt ; 2° Nos procédés d’administration. Mon enquête en a soulevé une troisième : celle des relations entre nos chefs de poste, les commerçants, et la population indigène.

La question de l’impôt ne m’a pas semblé devoir être retenue…

Mais si le taux de l’impôt n’est pas trop élevé, c’est son mode de perception qui a soulevé les plus vives réclamations, comme aussi les corvées, dont par un zèle intempestif certains chefs de poste ont trop souvent abusé. Ce sont enfin les procédés déloyaux, employés par quelques colons dans leurs transactions, qui ont mis le comble au mécontentement des indigènes. Il n’est pas douteux à cet égard que le sergent Vinay comme le colon Choppy avaient commis des actes assurément répréhensibles et qui avaient choqué les notions d’équité qui sont instinctives chez tous les primitifs.

Vinay, malgré ses notes élogieuses et ses antécédents favorables, loin de traiter ses administrés avec tous les ménagements que réclamait leur caractère ombrageux et indépendant, manquait souvent de pondération et blessait trop ouvertement les coutumes ancestrales auxquelles ils sont profondément attachés. Il n’apportait aucun ménagement à la perception de l’impôt et ne se préoccupant pas des précautions à prendre pour tenir des rôles exacts, faisait incidemment payer deux fois la taxe de capitation par le même individu auquel la perte réelle de son livret, ou une similitude de nom donnait l’apparence d’un réfractaire. Il m’a été affirmé à maintes reprises qu’il usait parfois de procédés violents et même répugnants