Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/16

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saient de le ligoter et de l’envoyer jusqu’à Vangaindrano au chef du district, l’administrateur de Juzancourt ; d’autres opinaient pour qu’il fût tué d’un coup de sagaie. Rebotolo aurait, ainsi qu’il l’a déclaré après avoir été arrêté — déclaration d’une sincérité douteuse —, protesté contre le projet d’assassinat, disant que le vazaha avait de bons fusils et que les assaillants risqueraient gros.

L’opinion de Mahafiry, chef du canton, appuyé par ses deux fils Imoza et Fandrana, par les chefs de clan Ingaoka et Rahamahatonga, l’emporta : on décida d’en finir.

Ces cinq hommes, accompagnés de Rebotolo, pénétrèrent dans la case où reposait Vinay, se précipitèrent sur lui et le frappèrent à coups de hache. Sa mort fut rapide. Un des fils de Mahafiry coupa les mains de la victime ; Mahafiry lui-même sectionna les pieds, brisa une cuisse au-dessus du genou. Mains et pieds furent emportés par les assassins et montrés dans les villages comme des trophées, prouvant que les indigènes avaient eu raison d’un vazaha (blanc).

Avec Vinay était couchée dans la case la femme Ianganonaro, une de ses concubines attitrées. Les assaillants la saisirent et la dévêtirent complètement après le meurtre du sergent. Elle nourrissait un enfant âgé de quatre mois, métis de Vinay. La voyant d’une maigreur extrême, les assassins la dédaignèrent ; quelques-uns voulaient la tuer, d’autres s’y opposèrent. Elle reprit ses vêtements et plaça à la mode indigène son enfant sur son dos, comme pour se mettre en route. À ce moment, un des hommes de la bande lui asséna un violent coup de bâton qui atteignit les têtes de la mère et de l’enfant. Celui-ci mourut quelques jours plus