Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/175

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

adressée aux négociants, dont il était le représentant. Choppy (celui qui fut tué à Manambondrono) n’a pu vendre beaucoup de marchandises, dit-il, parce que 280 bourjanes de Manambondrono sont occupés par Vinav au travail des routes ou dans la forêt.

La main-d’œuvre devient rare ; Vinay décide, afin de se conserver des travailleurs, de garder en prison les retardataires de l’impôt, une fois qu’ils se seront acquittés, un nombre de jours égal à celui qui s’est écoulé entre la date d’incarcération et la date du paiement.

Vinay a été assassiné avec la complicité certaine de ses miliciens, et sans retenir certaines violences non suffisamment établies à la charge du sergent, la rancune de ses agents s’explique cependant.

Un milicien Rasaka a déserté, à la suite d’une Punition de quinze jours de prison. Vinay décide qu’il sera mis à la cangue jusqu’à ce qu’il ait payé une amende de 15 francs et sa taxe de capitation pour 1904 : on est en janvier de cette année-là.

Rasaka est repris ; il paye, mais il fera trois mois de prison, en outre, comme punition de sa désertion. (Lettre de Vinay au chef de district ; le 19 janvier 1904).

Molestés par Vinay, les indigènes l’étaient de plus par les miliciens qui, comme tout indigène, n’usaient de l’autorité que pour leur propre profit. Ils infligeaient des amendes aux villages par lesquels ils passaient, ligotaient les habitants — excellent moyen de se faire payer.

Quand un milicien quittait le service par mort, démission, licenciement, etc., Vinay donnait à son remplaçant le nom de celui auquel il succédait. Il n’y avait jamais de la sorte mutation dans le corps et l’emploi de la solde devenait incontrôla-