Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/176

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ble. En février 1903, Vinay licencie le caporal Miandra, et annonce au chef de district qu’il garde la somme de 7 francs, reliquat de solde dû au caporal.

Les indigènes, suivant une coutume héréditaire, justement combattue par l’autorité, brûlent la forêt ; c’est un incendie préparatoire de leurs cultures. Vinay décide de tirer sur les villages les plus voisins de l’incendie.

Tous ces faits sont d’une exactitude indiscutable, révélés par la correspondance du sergent lui-même. Encore ai-je laissé de côté nombre de témoignages, paraissant véridiques, mais qui seraient suspects à ceux décidés à repousser, comme sans valeur, toute déposition des indigènes.

On se demandera comment Vinay a pu, sans aucun effort de dissimulation de sa part, agir ainsi pendant deux ans, sans provoquer l’intervention de ses chefs.

M. de Juzancourt, chef du district de Vangaindrano, n’a pu ignorer les faits révélés par la correspondance de Vinay. On a reproché à juste titre à M. de Juzancourt de ne pas avoir visité son district, d’être resté pendant six mois d’affilée à Vangaindrano, de n’avoir pas interrogé, vu les indigènes. Or il n’avait pas besoin de se déplacer pour connaître les agissements de Vinay ; les lettres du sergent l’instruisaient suffisamment.

La vérité est que les agissements de Vinay ne choquaient pas M. de Juzancourt ; les indigènes du poste d’Amparihy étaient traités par Vinay comme ils l’étaient ailleurs, soumis à Amparihy comme ailleurs au régime de bon plaisir : la tyrannie howa, dont nous prétendions libérer les autochtones, se perpétuait.