Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/179

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péen pour satisfaire sa cupidité ou des vengeances personnelles. Nos agents européens sont exposés à commettre les pires maladresses, les plus odieuses injustices lorsqu’ils suivent les indications, les renseignements, soit des partisans, soit des femmes indigènes leurs concubines. Les uns et les autres, malgré leur situation qui les rapproche de l’Européen, demeurent des indigènes et ne sont jamais désintéressés dans leurs rapports ou leur conduite.

Les partisans virent le parti à tirer de la délation. Quand, sur leurs indications, des armes étaient découvertes chez un indigène, ils étaient récompensés par le chef de poste qui leur donnait des bœufs, pris sur le troupeau du détenteur d’armes.

Des patrouilles de tirailleurs indigènes, guidées par les partisans dénonciateurs, commandées trop fréquemment par des sous-officiers indigènes, étaient lancées sur les villages soupçonnés de posséder des fusils. En mars 1904 par exemple, le sergent indigène Faralahy se lance, à la tête d’une troupe sur quelques villages. À son apparition les indigènes prennent la fuite : Faralahy fait feu sur eux ; des traces de sang jalonnent la piste des fuyards. La même patrouille poursuit un groupe qui n’avait pas de fusils et tue quatre hommes désarmés. Le sergent européen Philipini, fait grief à Faralahy, non d’avoir tiré sur des hommes sans armes, mais d’avoir gaspillé vingt-six cartouches et demande pour lui une punition. Le capitaine Quinque (lettre du 6 mars 1904) refuse d’infliger une punition à Faralahy : « la consommation de vingt-six cartouches n’est pas exagérée, et le sergent indigène ne mérite aucune observation. »

En août 1904, l’adjudant de Beon, commandant