Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/188

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

marche de nuit, le village de Beampombo, — chef Befanhoa — se trouva cerné avant le jour. Les chiens donnèrent l’alarme, les habitants sortirent de leurs cases, et, terrifiés, s’enfuirent à travers les cactus ou les feux de salve les suivirent. Un indigène fut tué par Beaufas-Morel, deux furent blessés. Vingt habitants, parmi lesquels Befanhoa, furent ligotés et amenés à Midongy avec un troupeau de soixante bœufs.

Le capitaine Quinque infligea à Befanhoa, pour avoir donné asile à des dissidents, une amende de 500 francs, payable dans les 48 heures. Befanhoa n’avait pas à sa disposition une somme aussi élevée ; pour se la procurer il dut vendre quarante bœufs aux commerçants Randriafanana et Iakaditapiana.

Cette amende, le capitaine Quinque n’avait aucunement le droit de l’infliger. Mais il fit mieux : il n’en enregistra pas le versement et la somme illégalement perçue ne figura pas au livre des recettes du district de Midongy. Que devinrent les 500 francs d’amende extorqués à Befanhoa ? Furent-ils employés à des travaux exécutés dans le poste de Midongy ? Furent-ils, comme en a déposé l’interprète Michel, promis aux tirailleurs en patrouille dans l’Ivolobé ? Le capitaine Quinque, pour justifier l’omission de cette recette sur ses livres de caisse, a expliqué que la somme ayant été illégalement perçue, ne pouvait figurer régulièrement en recettes…

Il n’y a qu’une explication satisfaisante : le capitaine Quinque, comme beaucoup de fonctionnaires de cette époque, s’était constitué une masse noire, un budget échappant aux vérificateurs. L’amende infligée à Befanhoa n’était pas un fait exception-