Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/207

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tère des colonies, ou plus haut encore du gouvernement français.

Devant le Parlement, devant l’opinion française, le gouvernement français affirmait, au nom d’un principe primordial de sa politique coloniale, qu’il poursuivait, autant qu’un but économique, la civilisation des peuplades auxquelles il imposait une autorité toujours éprise de justice et de bienveillance. En même temps, harcelé par une opinion stupidement anti-coloniale, — opinion entretenue par des autorités qui excellaient dans le paradoxe — le gouvernement érigeait en principe financier que les colonies se suffiraient à elles-mêmes, trouveraient chez elles les ressources indispensables à leur administration et à la confection de leur outillage économique. La Métropole consentait uniquement à couvrir les frais des troupes d’occupation.

Le résultat de cette conception fut que la chasse à l’impôt devint le but de l’administration et que cette chasse, dans les premiers moments de l’occupation, s’organisa militairement. Le gouvernement français se proclamait indigénophile, prétendait s’associer les indigènes. En pratique, cette indigénophilie se traduisait par des charges fiscales, des réquisitions de travail imposées aux indigènes, sans compensation visible pour eux. Le fonctionnaire, l’officier, était d’autant mieux noté que son district payait plus rapidement et davantage.

Comment des sous-officiers ignorant tout en matière de droit et d’administration, habitués à imposer leurs ordres grâce à une discipline maintenue à coups de salle de police et de prison, auraient-ils pratiqué à l’égard des indigènes une administration exercée par d’autres moyens que