Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/22

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Baguet demeure optimiste, fait admirer à Janiaud les magnifiques rubans de feu se mêlant aux rayons du soleil couchant.

La colonne arriva en pleine nuit, à 20 h. 30, sur les bords de l’Onilahy, au point de passage de la rive droite sur la rive gauche, là où devait se dresser le poste d’Amparihy.

De la rive droite de la rivière, on apercevait difficilement l’autre bord, à la clarté de la lune voilée par les fumées abondantes qui s’élevaient de la brousse incendiée.

Quelques cases semblaient se profiler sur le ciel, au haut de la falaise dominant la rive gauche de l’Onilahy, mais la vue en était incertaine : aucun feu ne brillait là où se soupçonnait un village.

À Janiaud, cette immobilité, ce silence, cette obscurité paraissaient de mauvais présage. Baguet ne s’étonnait point, disant qu’à cette heure tous devaient dormir.

Au point de passage de l’Onilahy, la colonne ne trouva pas les pirogues qui attendaient en tout temps les voyageurs. Deux bourjanes du convoi passèrent la rivière à la nage, pensant découvrir les pirogues sur l’autre rive : leurs recherches furent vaines. Baguet considère cette disparition des pirogues comme ayant une gravité significative et renvoie les deux nageurs voir ce qu’il y a dans le poste.

Quinze minutes plus tard ces hommes reviennent : le poste est brûlé entièrement et abandonné.

Baguet à 21 heures adresse au capitaine Quinque un bref rapport sur la situation : il n’a pas trouvé de pirogues pour passer l’Onilahy ; le poste est brûlé et abandonné. Il envoie à Befotaka, au sergent Vève qui y est demeuré, l’ordre de venir