Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/21

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retour et partirent ensemble, jugeant, comme l’écrivait le lieutenant Janiaud au capitaine, que, dans les circonstances graves, il vaut mieux être deux qu’un seul.

Le détachement emportait trois jours de vivres et 40 cartouches par homme. La petite troupe passait à 11 heures 30 à Imandabe, y déjeunait, et repartait une heure plus tard pour Amparihy.

La marche était pénible par une forte chaleur, dans l’air saturé d’humidité, sur une piste caillouteuse ; les deux officiers n’échangeaient que de rares paroles, quand l’allure de la colonne les réunissait. Le lieutenant Janiaud, dans son rapport, a relaté quelques-uns de ces entretiens. Baguet était optimiste, voyant leur expédition toute simple : ils arriveraient le soir à Amparihy où ils rencontreraient l’administrateur de M. de Juzancourt, dont la lettre du capitaine annonçait la mise en route. L’administrateur aura amené des renforts ; lui Baguet se mettra à ses ordres et Janiaud rentrera à Midongy, comme il lui a été prescrit. Et les deux officiers se rassuraient, croyant Vinay victime d’une vengeance ou d’une haine individuelle, sa mort n’ayant de gravité qu’en marquant de la part d’un ou plusieurs indigènes une audace inconnue, celle de s’attaquer à un blanc.

Cependant, à la limite du territoire d’Amparihy, les deux officiers s’inquiètent. Pendant 5 heures de marche, ils trouvent un pays où tout a été brûlé ; et dans certains points le feu brille encore. Janiaud voit dans cette destruction une preuve de l’état d’esprit dangereux de toute la population, une manifestation d’hostilité. Il fait part à son camarade de ses craintes ; peut-être trouveront-ils le poste lui-même incendié, à Amparihy.