Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/33

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en tant que délinquante et criminels de droit commun se soustrayant au châtiment.

Si Baguet avait réoccupé Amparihy, tous les coupables des actes dont l’assassinat de Vinay fut le premier, auraient pris la brousse, ajoutant quelques unités à ses nombreux habitants.

La défaite de Baguet changea complètement la situation. Il ne s’agissait plus, comme dans l’assassinat de Vinay, d’un guet-apens nocturne, dans lequel, sans risque, sans lutte, des indigènes avaient tué un vazaha. Avoir tué un vazaha, c’était grave pour les meurtriers, mis hors la loi, condamnés pour toujours à l’existence précaire des fahavalos. De ce meurtre la vengeance planerait, leur vie durant, sur ses auteurs. La puissance redoutable des blancs n’était pas atteinte dans son prestige.

Il en allait tout autrement avec la défaite et la mort de Baguet. Les blancs redoutés, invincibles, avaient été vaincus les armes à la main, dans une bataille rangée : leur prestige n’existait plus, les indigènes se sentaient capables de secouer leur joug. La mort de Vinay avait pu réjouir les indigènes détestant l’autorité du blanc ; elle les avait effrayés davantage encore par la crainte, la certitude des représailles. Mais la déroute, l’anéantissement des tirailleurs de Baguet, sa mort, la mort présumée de Janiaud, leur donnaient conscience de leur force, les persuadaient qu’ils étaient en état de se libérer, de chasser le blanc, de réaliser leur rêve de toujours. La mort de Vinay ne serait point génératrice de vengeance à leurs dépens, mais l’aurore de leur indépendance.

Les noms des caporaux ayant dirigé les révoltés dans l’affaire d’Amparihy, devinrent des noms de