Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/58

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La scène du meurtre avait doré quelques secondes. L’interprète Tsirombony et le chef Tsikamo, qui précédaient la troupe en marche vers le bureau, se retournèrent en entendant le bruit des coups. Voyant le sergent à terre, ils s’enfuirent effrayés.

La femme du sergent, Ivonirana, travaillait dans une case voisine du bureau. Elle entendit Revario se plaindre d’un vol, puis le sergent qui l’invitait à entrer dans le bureau, puis un tumulte, et les cris habituels aux fahavalos. Revario clamait : « Mavandy ny vazaha ! la izabay hiany ny tampony ny tany ». « Le vazaba en a menti, c’est nous les maîtres de la terre ».

Quelle fut dans ce drame l’attitude des tirailleurs ?

Au moment du meurtre, le caporal Mabazomila était de faction à la porte du poste. En voyant tomber le sergent il cria : « Aux armes, on tue notre sergent, venez vite. » Il courut se placer devant la porte du poste de police, dans lequel étaient déposés les fusils.

Des huit tirailleurs subordonnés au caporal, six travaillaient au jardin, situé en dehors du poste, un septième était dans la brousse, où il récoltait de l’herbe destinée aux lapins. C’était Ivolanony, beau-frère de Resohiry, principal assaillant de Pietri. Un autre, Imaka, gardait les moutons. Le caporal, le fusil chargé, mit en joue les assassins. Ceux-ci restèrent en place ; l’un d’eux s’adressant au caporal : « Nous ne voulons pas vous tuer, vous, les miramila (soldats), et tu veux tirer sur nous ! Nous sommes tous Malgaches, nous n’en voulons qu’aux vazahas. Si tu tires, tu pourras tuer deux ou trois des nôtres, mais après vous