Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/59

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serez tous tués ». L’interprète Tsirombony, dont le rôle fut assez louche, s’interposa : « Ne tire pas, nous serions tous tués ».

Le caporal abaissa son arme, mais demeura la baïonnette croisée, devant la porte du poste, gardant les fusils. Les six tirailleurs accouraient, venant du jardin. Ils s’armèrent, se placèrent à côté du caporal, l’interprète derrière la ligne des fusils.

À ce moment la deuxième troupe des conjurés, conduite par Imosa, parvient sous le mur du poste. Afin de ne pas attirer l’attention, cette bande était venue de Fiela par une voie détournée, et cachée dans la brousse, non loin du poste, elle avait attendu que le premier groupe, chargé d’assassiner Pietri, eût accompli sa mission. Les gens conduits par Imosa envahissent, en grand nombre, les abords du poste, armés de haches, de sagaies, poussant les cris des fahavalos.

Pour les effrayer, les tirailleurs tirent en l’air, leur crient que s’ils approchent ils feront feu sur eux… Les agresseurs, apeurés en effet, se baissent derrière le mur, sans oser le franchir.

Ce beau zèle de miramilas recrutés dans le pays, parents des assassins de Pietri, ne pouvait durer en l’absence de tout Européen. Sans faire ouvertement cause commune avec les révoltés, les miramilas ne résistèrent pas à la tentation de tirer un parti avantageux des événements.

Pendant que quelques-uns continuaient à tenir les bourjanes à distance, le caporal, l’interprète et deux miramilas entraient dans le poste, en refermaient la porte afin d’échapper aux regards. Après quelques instants, ils sortaient par la fenêtre et