Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/63

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Pietri, l’interprète se rangea du côté des assassins, priant le caporal tirailleur de ne pas faire feu, puis avec les miramilas il entra dans le poste et semble avoir eu sa part de la caisse pillée. Il put ensuite se retirer avec sa femme, sa sœur et son enfant, sans être inquiété, et se rendre au village de Besakoa, où il arriva à 21 heures, très tranquille ; il était détenteur de 60 piastres (300 frs).

Comme au lendemain de toute émeute victorieuse, l’anarchie la plus complète se déchaîna à Esira. Le dimanche matin, lendemain de l’attaque, pendant que, sur le bûcher, se consumait le cadavre de Pietri, de nouvelles bandes arrivaient. Le poste était brûlé, mais à proximité se dressaient les cases renfermant des marchandises appartenant à des trafiquants indigènes.

Ces cases furent pillées ; rien n’y demeura intact. Au pillage, prirent part tous les présents, et plusieurs marchands. Les voleurs s’emparèrent de pièces de toile, de lambas, de marmites, de boîtes de sardines, etc., puis incendièrent les cases. Pendant quelques jours, dans tous les villages, passèrent des gens chargés des objets volés à Esira, enlevant au surplus dans ces villages ce que les marchands y avaient fait transporter du poste détruit, dans l’espoir de le soustraire au pillage.

Puis, dès le 4 décembre, la population débarrassée de l’autorité qui y mettait obstacle, revint à son occupation favorite : le vol des bœufs. Les révoltés prirent les troupeaux de Tsikamo lui-même, de Tsirombony l’interprète, des tirailleurs, de tous ceux considérés comme amis des Français.

De véritables expéditions s’organisèrent. Trois cents hommes allèrent enlever 1.000 bœufs à Tsivory, autant à Betroky.