Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/64

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Le sac d’Esira, en raison, sans doute, de la vigueur plus grande de la population, de l’énergie et de l’autorité plus forte des chefs, fut l’événement le plus bruyant, le plus capable d’influencer les hésitants. Malgré la destruction des habitations, Esira demeura un centre d’agitation et d’attraction ; c’est de là, bien plus que de l’entourage de Kotavy ou de Befanhoa, que s’étendit la révolte.

L’autorité des vazahas, à Esira, avait été supprimée insurrectionnellement ; une autorité nouvelle, que le retour des Français rendit éphémère, celle de chefs indigènes, se reconstitua. Après la révolution violente, brutale, après l’anarchie, une dictature s’établit : éternel cycle de la même humanité.

Un grand kabary fut réuni près de l’emplacement du poste, cinq jours après son occupation et sa destruction par les fahavalos, auquel assistèrent tous les bourjanes des groupes, relevant du commandement d’Esira.

Les organisateurs de la réunion étaient : Lahyvelo, sorcier de Manevo ; Mahavelo, le chef de Manevo qui avait déterminé et conduit la révolte à Ranomafana et Esira ; Revario, Resohiry, assassins de Pietri ; Betafo. Lahyvelo, l’ombiasy, déclara que lui et ceux dont j’ai donné les noms étaient les grands chefs du pays ; il partagea avec Resohiry les fusils pris aux tirailleurs. Chaque groupe obtint deux fusils Lebel.

Outre ses deux fusils 84, le groupe d’Esira eut le fusil de chasse de Pietri. Les cinq villages du groupe étaient : Esira, Betota, Ehara, Fialia, Bereva. Remaly d’Ehara, le défenseur de Tsikambo, eut un fusil, mais pas de cartouches. Il se plaignit, alléguant qu’un fusil sans munitions n’était pas