Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/69

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vers Fort-Dauphin, une autre sur Manambaro, la troisième du côté de Behara.

La colonne d’insurgés marchant vers Fort-Dauphin, rencontra le 3 décembre, sur sa route, une concession, occupée par un lieutenant d’infanterie coloniale, M. Conchon, en congé temporaire, associé à un de ses camarades, le lieutenant Garenne. Ces deux officiers exploitaient sur le territoire d’Isaka une concession agricole, appelée l’Émeraude — ainsi nommée parce qu’elle était la « pierre précieuse » des terrains de culture dans le pays.

MM. Conchon et Garenne avaient été installés officiellement dans leur concession, sans qu’on se fût occupé des indigènes établis sur ce domaine : onze des propriétaires lésés, devenus des sans-terre, avaient dû émigrer et créer à Ranomainty des rizières, pour remplacer celles que la concession d’Émeraude leur avait enlevées.

Comme le sergent Vinay, comme Choppy, M. Conchon (M. Garenne était absent) se savait menacé. Le commandant Leblanc, de Fort-Dauphin, lui avait fait connaître ce qui s’était passé à Amparihy. Le 26 novembre il répondait au chef du cercle qu’il demeurerait sur sa concession, jusqu’au moment où il recevrait l’ordre de rallier Fort-Dauphin. Le commandant Leblanc le laissa libre de rentrer ou non à Fort-Dauphin, lui-même étant juge, à l’aide de ses renseignements propres et de son appréciation personnelle du danger, de l’opportunité qu’il y aurait à quitter sa concession.

Le matin du 3 décembre, M. Conchon était très préoccupé ; il examinait l’extérieur de sa maison. Mme Conchon, ainsi qu’une autre personne qui l’accompagnait, l’entendirent se dire à lui-même :