Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/71

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était toujours grosse, mais Tallec put arriver à Fort-Dauphin et s’enfermer avec tous les Européens dans le vieux rowa construit par de Flacourt.

Bientôt les insurgés arrivèrent à la pointe. Ils brûlèrent les cases des ouvriers, et détruisirent tout ce qu’ils ne pouvaient emporter. La comptabilité contenue dans des caisses et la malle, que Tallec avait cachées soigneusement dans une brousse épaisse, ne pouvant les transporter à travers l’isthme avec le canot, furent découvertes et disparurent. Vraisemblablement le chef et les indigènes d’Evrata se payèrent ainsi du service rendu en portant le canot.

Manambaro fut atteint. Manambaro avait une certaine importance : c’était le passage obligatoire des convois et des gens, entre Fort-Dauphin et le pays Androy. Le commerce de Manambaro était plus actif que celui de Fort-Dauphin même.

Ce poste était commandé par un adjoint des affaires civiles, M. de Villèle, ayant sous ses ordres cinquante tirailleurs indigènes et deux gradés européens. M. de Villèle, officier de réserve, était énergique, prévoyant et connaissait parfaitement le milieu indigène. Dès qu’il eut vent d’un mouvement insurrectionnel, il fortifia son poste le mieux possible et redoubla de vigilance. Il tint sa petite garnison en alerte, arma quatre Européens, colons de Manambaro, et attendit.

Le 6 décembre la troupe révoltée se présenta devant Manambaro : elle fut reçue par un feu bien dirigé ; les insurgés s’éloignèrent momentanément et furent repoussés à chacune de leurs tentatives d’agression. Nous verrons que Manambaro fut complètement dégagé quelques jours