Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/87

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Quel sakafo (festin) de villages, mais vidés de tout !

Les tirailleurs ont assommé deux types avant que Petitjean ait eu le temps de tourner la tête. Les partisans ont grillé une vieille femme. C’est la vengeance annoncée. »

Le 3 décembre au soir, après le combat du jour, nouvelle lettre du capitaine Quinque.

« Aujourd’hui engagement très important avec Befanhoa. Combat très acharné de part et d’autre, lui défendant famille et troupeaux, les tirailleurs vengeant Begogo… La région a été proprement nettoyée, sauf le riz qui ne sera pas mûr avant deux ou trois mois et que je reviendrai couper en temps voulu.

Je ne sais pas ce que Befanhoa trouvera en forêt, mais il est certain qu’il vivra misérablement pendant longtemps. Les troupeaux ont énormément souffert aujourd’hui… Enfin Befanoha a dû subir un échec qui doit lui tenir au cœur, par le cadavre de son fils tombé en nos mains et brûlé… »

Ces tirailleurs assassinant des prisonniers, ces partisans grillant une vieille femme, le malheureux chef obligé de porter le fanion du capitaine, tremblant d’être exposé, par devant aux balles de ses frères insurgés, par derrière à celles des tirailleurs, le capitaine plaisantant sur son effroi, tout cela c’est la guerre sauvage. C’est une barbarie se heurtant à une autre barbarie, c’est la lutte entre non civilisés, qui tuent les prisonniers, brûlent les femmes. Les partisans à la solde de la France ont toutes les mœurs, toutes les habitudes des primitifs, leurs frères, leurs pères, leurs parents : ils font la guerre pour le sakafo (le pillage) et ce sont nos alliés, des guerriers sous nos ordres !