Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/86

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tant dans l’intérêt des indigènes eux-mêmes que nous devions arracher à leur barbarie, que dans celui de notre œuvre de colonisation et de la sécurité des Européens, de tous les vazahas de Madagascar.

Mais à la barbarie malgache il ne fallait pas opposer une autre barbarie ; il importait de donner à la répression un cachet de dignité hautaine, d’apprendre aux indigènes que notre force est une puissance de civilisation, que même notre violence, quand nous sommes forcés de l’employer, diffère dans ses manifestations de la brutalité, sans mesure, des primitifs.

Dans le récit tiré des rapports officiels du capitaine Quinque, rien à critiquer : c’est le tableau d’un combat. Les à-côtés de ce combat, nous les connaissons par deux lettres du capitaine au lieutenant Janiaud, commandant de Midongy, dont les détails donnent à la répression sa véritable figure. La première lettre est du 2 décembre : « Je ne sais si cette lettre vous parviendra. Nous sommes, à Beampombo, en plein coeur de l’Iatoka, où nous bivouaquons, les hommes équipés, le fusil entre les jambes, prêts à tout. Le contact a été pris vers les 4 heures du soir (engagement d’avant-garde du rapport officiel) et la poursuite a commencé, arrêtée par la nuit. Demain nous continuons ; où irons-nous ? Impossible de le dire ; cela dépendra de Befanhoa… J’avais oublié de prendre un fanion. J’ai décroché, en passant, celui des Ambiliony et le fais porter par le chef de cette tribu, Tsiandika, qui est compromis, je crois, dans l’affaire de Begogo. Il en r… et n’a nullement besoin de sulfate de soude ou de magnésie.

Matofika et les partisans sont pleins d’entrain.