Page:Augier - Théatre complet, tome 1.djvu/31

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Cléon.

Et quoi donc ?

Paris.

Et quoi donc ? C’est qu’il semble assez ignoble et bas
De feindre pour de l’or un amour qu’on n’a pas.

Cléon.

Ma foi ! moi, j’aimerais volontiers Hippolyte ;
Elle a l’œil noir.

Paris.

Elle a l’œil noir.Très noir !… l’épaule d’Aphrodite !

Cléon.

La main comme une enfant !

Paris.

La main comme une enfant ! Le col fin, le bras rond.

Cléon.

Une taille de nymphe !

Paris.

Une taille de nymphe ! Et le plus joli front !

Cléon.

Quelle conquête, hélas ! nous perdons !…

Paris.

Quelle conquête, hélas ! nous perdons !…Quel dommage
Qu’à nous en abstenir la fierté nous engage !

Cléon.

Peut-être en pareil cas des gens moins orgueilleux
Ne renonceraient pas si vite à de tels yeux…
Ils se diraient, peut-être avec quelque justesse,
Qu’il faut mettre en amour moins de délicatesse,