Page:Augier - Théatre complet, tome 1.djvu/56

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Mieux que mes deux marauds cette belle rieuse
Adoucira mon heure et la fera joyeuse…
Et qui sait ? si j’en crois son œil vif et mutin,
Je pourrai vivre encor jusqu’à demain matin !

Hippolyte.

Vous méditez, Seigneur ?

Clinias.

Vous méditez, Seigneur ? Sur un sujet très grave.
Je regrette le temps où vous étiez esclave.

Hippolyte.

Ah ! Seigneur, d’un bienfait doit-on se repentir ?

Clinias.

Peste soit du bienfait qui vous laisse partir !
Que n’ai-je encor le droit, ce droit qu’à la légère
J’ai quitté, de vous voir toujours ma prisonnière !
Ah ! que s’il était temps, vous n’emporteriez pas
Loin de mon cœur charmé tant d’esprit et d’appas !

Hippolyte.

Vous vous calomniez par trop de flatterie.

Clinias.

Non ; que je sois pendu si c’est galanterie !
Je voudrais vous pouvoir retenir en ces lieux,
Car, — écoutez-moi bien, je suis très sérieux : —
Je vous aime !

Hippolyte.

Je vous aime ! Aussi vous ? C’est donc que je vous aime !
Est pour les Athéniens le compliment suprême ?