Page:Augier - Théatre complet, tome 4.djvu/106

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Séraphine.

La nuit porte conseil.

Bordognon.

Précisément, j’ai fait un rêve.

Séraphine.

Comme dans les tragédies. — Je suis à votre merci, j’écoute.

Elle lui fait place sur le canapé.
Bordognon.

Eh bien, madame, j’ai rêvé la chose la plus rare, la plus charmante, la plus enviable, la moins enviée, la plus impossible, la plus facile… l’amitié d’une femme !… Ce commerce des cœurs qui a toutes les délicatesses de l’amour et qui n’en a pas les perfidies, une confiance absolue qui n’exclut point un grain de coquetterie, un dévouement complet sans despotisme et sans jalousie, une communauté où chacun n’apporte que ce qu’il a de meilleur ; en un mot une liaison sans remords pour la femme, sans lassitude pour l’homme.

Séraphine.

Un joli rêve, en effet.

Bordognon.

Qui deviendrait une réalité, si on osait se livrer.

Séraphine.

On se contenterait vraiment de ce rôle d’ami ?

Bordognon.

Que lui laisserait-on à envier ?