Page:Augier - Théatre complet, tome 4.djvu/177

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malgré mes cinquante ans, je suis un coquin de neveu… à telles enseignes que mon oncle et moi nous sommes brouillés.

Madame Bernier.

Il vous déshéritera, alors !

Pingoley.

Rassurez-vous, il n’y songe guère.

Madame Bernier.

À quoi songe-t-il donc ?

Pingoley.

À finir son cours de droit. La loyauté m’oblige à ajouter qu’il entre dans sa vingt-cinquième année.

Madame Bernier.

Pour la première fois ?

Pingoley.

Hélas ! oui ; c’est tout un roman : mon grand-père avait eu six enfants de sa première femme. On croyait le feu d’artifice éteint, lorsque tout à coup après un long silence… boum ! c’était mon oncle. — Encore s’il était jeune, je rirais avec lui de ma mésaventure ; mais il est vieux comme l’hiver, cet avorton-là. Figurez-vous qu’à peine majeur, il m’a déclaré qu’il entendait étudier les lois pour gérer lui-même son petit avoir, douze cents louis de rente… qui feront des petits ; et comme je le défie de les imiter, mes fils seraient ses héritiers, et c’est en ce sens, madame, que je puis le compter dans mon apport.

Madame Bernier.

C’est bien tentant, et je regrette vraiment de ne vouloir pas me remarier.