Page:Augier - Théatre complet, tome 4.djvu/288

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Pierre, se relevant, avec terreur.

Clémentine !

Clémentine, se jetant dans ses bras en sanglotant.

Ô Pierre, mon amour ! ma vie !… nous serions morts ensemble !… mais tu m’es rendu ! Quel bonheur ! que Dieu est bon ! que je t’aime !… — Pardonne-moi ! je t’ai cru lâche… je t’ai cru vil !… je t’ai méprisé, toi ! toi que j’adore… ô courage ! ô génie ! pardonne, Pierre !… pardonne à ta compagne ! à ta servante… (Mouvement de Pierre qui se dégage de son étreinte.) Sois tranquille… Je ne viens pas te demander de rentrer chez ma mère… Je connaissais ta résolution, et loin de la combattre, je la soutiendrais si elle venait à faiblir… car elle est mon honneur, puisqu’elle est le tien. — Mais si tu ne peux pas partager ma fortune, je peux, moi, partager ton dénuement… Je suis ici chez moi, et j’y reste.

Michel.

Ah ! madame, voilà une noble inspiration.

Clémentine.

Appelez-moi Clémentine, mon bon Michel.

Michel.

Que je vous appelle Clémen… Clémen…

Il frappe du pied et se retourne pour cacher son émotion.
Pierre.

Ô chère Clémentine, c’est digne de toi de vouloir partager mon existence ; mais…

Clémentine.

J’en ai la force, va ! Tu ne me connais pas… Personne ne me connaît. — Par désespoir de rencontrer mon vrai