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Page:Augier - Théatre complet, tome 4.djvu/320

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Vernouillet.

Moi aussi. Malheureusement j’ai échoué au port.

Le Marquis.

En somme, de quoi vous plaignez-vous ? Vous avez fait le saut périlleux : vous pouviez vous casser les reins, et vous en êtes quitte pour une entorse, ce qui prouve que vous êtes retombé sur vos pieds ! — Voyons, je suis quelquefois de bon conseil ; ouvrez-moi votre cœur : quel est votre actif ?

Vernouillet.

Huit cent mille francs.

Le Marquis.

Huit cent mille francs ! Que parliez-vous d’honnêteté ? Vous êtes de plain-pied avec la délicatesse… Quel est votre plan ?

Vernouillet.

Je vais quitter la France.

Le Marquis.

Et pourquoi ?

Vernouillet.

Vous avez vu l’accueil de M. Charrier. Eh bien, cet accueil je le trouve partout depuis huit jours !

Le Marquis.

Parbleu ! vous vous présentez avec une mine penaude qui invite. Vous avez l’air en train d’avaler votre condamnation. Le niais l’avale, l’homme fort la crache. Il faut se faire un front qui ne rougisse plus. L’effronterie, voyez-vous, il n’y a que cela dans une société qui repose tout