Page:Augier - Théatre complet, tome 4.djvu/321

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entière sur deux conventions tacites : primo, accepter les gens pour ce qu’ils paraissent ; secundo, ne pas voir à travers les vitres tant qu’elles ne sont pas cassées.

Vernouillet.

Mais, monsieur le marquis, est-ce que les miennes ne le sont pas, cassées ?

Le Marquis.

Fêlées seulement. Mais ne vous abandonnez pas, morbleu ! L’œil provocant, la voix haute ! N’attendez pas les gens, ils ne viendraient pas à vous : n’allez pas au-devant d’eux, ils vous tourneraient le dos ; marchez sur eux en leur tendant une main menaçante, et ils la prendront : Charrier tout le premier, ce qui m’amusera.

Vernouillet.

Vous croyez véritablement ?…

Le Marquis.

J’en suis sûr. Vous rencontrerez peut-être quelque tempérament sanguin, quelque don Quichotte qui regimbera ; mais vous ferez un exemple, et tout sera fini.

Vernouillet.

Je tire assez bien l’épée.

Le Marquis.

Fi donc ! Mettez-vous tout bonnement sous la protection de la loi. Elle est admirable, la loi ! Elle n’admet pas le diffamateur à la preuve du fait… et voyez en effet où nous en serions, si, pour vilipender impunément un honnête homme comme vous, il suffisait de prouver son dire.