Page:Augier - Théatre complet, tome 4.djvu/357

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bien sûr que vous me prenez pour un cœur desséché par les chiffres.

La Marquise.

Je vous avoue que je n’ai pas d’opinion bien arrêtée à ce sujet.

Vernouillet.

C’est-à-dire que cela vous est fort égal. Cependant je vous suis tout acquis… n’êtes-vous pas un peu curieuse de connaître votre acquisition ?

La Marquise.

Si cela peut vous être agréable…

Vernouillet.

Franchement, oui, j’y tiens. Trouvez-vous mauvais qu’ayant une place dans votre estime, je désire encore un coin dans votre sympathie ? Je n’en suis peut-être pas aussi indigne que vous pouvez le croire. Mon enseigne est trompeuse : je ne suis rien moins qu’un spéculateur.

La Marquise.

Vous commencez à m’intriguer.

Vernouillet.

Vous le savez, le roman de l’ancien régime, c’était un roturier épris d’une fille de qualité, qui s’élevait jusqu’à elle en s’illustrant ; le roman de nos jours, c’est un jeune homme pauvre épris d’une fille riche, qui, pour rapprocher les distances, a cherché à s’enrichir.

La Marquise.

C’est peut-être moins chevaleresque, mais, au fond, c’est toujours le même roman.