Pas encore, monsieur le comte ; mais ils ne peuvent tarder.
Braves gens ! Ils ont assisté au départ, ils boiront avec nous le vin du retour… (Sylvain sort.) La belle matinée ! le gai soleil d’automne ! Il y a longtemps que la vie ne m’avait semblé si légère. (La comtesse descend le perron ; il va la recevoir et lui baise la main avec une tendresse respectueuse.) Eh bien, il est venu ce jour qui devait n’arriver jamais. Chère femme, êtes-vous heureuse ?
Vous le demandez, mon ami ! Vous demandez si je suis heureuse, quand je vais revoir mes deux fils, quand mes deux derniers nés me sont enfin rendus, après une si longue absence !
Cinq ans !… Oui, en effet, c’est une longue absence, mais qui aura été féconde ; ne la regrettons pas. Nous avons vu partir des enfants, nous allons retrouver des hommes. Comme leur frère aîné, ils ont appris à la grande école le respect de la règle et la pratique du devoir ; comme lui, ils ont payé leur dette au pays. Le pays nous les rend, l’épreuve est terminée, et nos trois fils nous appartiennent.
Oui… mais Jean…
Au fait, où est-il donc ?