Page:Auguste Rodin - Les cathedrales de France, 1914.djvu/283

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sculpture ni en architecture, ce que c’est que le plan, ce dessin des profondeurs, ce dessin de l’ombre, ce dosage de l’ombre… De là nos jugements à rebours.


Ces escaliers, si longs et si nombreux, et ces pilastres de contreforts en escaliers, qu’on peut admirer, par exemple, à Chartres ; l’horizontale et la perpendiculaire évoluant dans des valeurs réglées : c’est le Gothique ; il est fondé sur le contrefort. Et ce contrefort n’est autre que le simple et rampant contrefort roman, ajouré et ciselé.


Après un stage de quatre siècles, comme une plante longtemps tassée s’élève gravement sur sa tige, ainsi le Roman, plante un peu basse, s’est redressé en colonnettes, et le Gothique est venu. La clarté s’est ajoutée à l’admirable concision primitive.


Colonne qui monte jusqu’au haut, et qui a des chapiteaux deux fois — force qui reprend son élan après s’être rénovée, — deux nœuds comme en ont certaines tiges, par exemple celle du jonc et celle du blé.


Arcs trapus, portés par des colonnes trapues : arches où s’ouvre le vaisseau aux élégantes colonnes : Arche de Noé.


MELUN


En entrant dans cette vieille église, il me semble que j’entre dans mon âme. Mes songeries les plus personnelles se sont levées pour venir à moi quand j’ai poussé la porte.

L’impression est pourtant celle d’une crypte, d’un tombeau.

Quel silence ! Qu’on est loin de tout !

Mais les traces de lumière, au fond, permettent, conseillent l’espérance. Le silence lourd que semblent supporter ces épaisses colonnes est l’atmosphère qu’il faut à la pensée.