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V


MANTES


La petite chambre d’hôtel où j’ai dormi est tout environnée d’amour. Son atmosphère me prépare à la communion avec la nature. Je suis sorti de ma nuit, et une promenade matinale fait que j’espère et que j’aime à nouveau.

Allons au chef-d’œuvre.


La ville n’existe pas. Cette petite ville toute matérielle va prendre ses idées à la capitale… Ah ! qu’elle a tort ! La capitale a depuis longtemps perdu sa force ancienne et les convulsions changeantes n’y contentent que les intérêts.

Il n’y a ici que les ruines de Saint-Jean, splendides, immenses.

Le soleil se joue, cette après-midi, dans cette église. Il s’échappe, il revient. La lumière écrit ici beaucoup de choses.

Très souvent, elle atténue les duretés du Gothique par son alliance avec l’ombre : elle accompagne ainsi la pensée de l’artiste.

Comme un éventail, le soleil se déplace. Comme un artiste, il peint, par de rapides touches, courant à ce qui l’appelle.

Toutefois, ce puissant dieu ne pourrait rien faire d’une œuvre mauvaise, l’œuvre moderne, rien de la pensée d’un architecte médiocre. De cette œuvre et de cette pensée, la lumière ne dégagerait que de l’ennui.