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Le jour et la nuit l’embellissent également, différemment, l’un éveillant en elle une grâce délicate, et l’autre une majesté terrible.

Oh ! comme les esprits cultivés et las de notre temps s’étonnent de trouver, si près des centres de l’agitation moderne, ce calme et sublime total de siècles, en recherche et en accomplissement de beauté ! On peut venir prier Dieu, à Chartres, comme partout, puisqu’il est partout ; mais on y peut venir aussi contempler l’homme, qui s’y révèle dans son génie, et qui, sous cet aspect, n’est pas partout…


Nos ancêtres ont réalisé là leur œuvre maîtresse, en un temps où le génie de la race connaissait une période de toute-puissance comparable à celle que connut la Grèce à son apothéose.

Frêles ombres de ceux qui furent alors, nous venons nous abreuver aux sources qui jaillirent de leur génie et de leur foi : sources de la lumière ! Comprendre, aimer cette épopée incomparable, c’est grandir. C’est d’une lumière surnaturelle que nous sommes illuminés, ici.


II


La Cathédrale est entourée d’amis fidèles et puissants qui la soutiennent dans son attitude de prière, comme les Hébreux soutenaient les bras de Moïse tendus vers Dieu. Ces amis sont les contreforts. Géants de seize mètres, blonds dans le bas, de plus en plus noirs, à mesure qu’ils se rapprochent de la toiture. Leur présence, leur assistance contribuent singulièrement à l’effet général de force méditante que donne tout le monument. Et des bases de ces contreforts, des assises du clocher célèbre s’élancent des filets, qui s’enflent, comme se ramassant sur eux-mêmes, et prennent leur élan pour s’élever plus haut ; et c’est bientôt toute une floraison.


Comme les contreforts de la nef, en escalier de vaisseau, sont puissants et trapus, par opposition avec ceux du clocher !