Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome I.djvu/110

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vif regard dans la direction de l’étranger qui entrait, elles disparurent derrière une porte.

Maître Móti habitait une maison d’une propreté exemplaire. La première pièce renfermait de respectables ustensiles de ménage, des quenouilles, des fuseaux, des vases de cuisine ; et dans une immense terrine était contenue une grande quantité d’excellente crème. Entre les ornements de la chambre que je décorerai du nom de salon, car il n’y avait rien là qui rappelât la tente du vagabond, je ne vis pas sans étonnement une statue de Napoléon, et une autre du duc de Reichstadt. Les murs étaient couverts de plats d’étain qui brillaient comme l’argent. Le portrait de Móti jouant du violon, et des sujets mythologiques, se trouvaient mêlés à des tableaux de piété : car le virtuose professait, comme tous ses confrères de Clausenbourg, la religion catholique. Il ne manqua pas de me faire cette observation avec un certain air d’importance, attendu qu’il se trouvait coreligionnaire de S. M. l’empereur d’Autriche, grand prince de Transylvanie. Les Gitanos, en effet, ont les goûts fort aristocratiques, et maître Móti, en nommant les seigneurs qui, suivant son expression, encouragent les arts, parlait d’eux avec une reconnaissance mêlée de familiarité.

Bien qu’il parût fort touché de ma visite, principalement à cause de la personne qui m’accompagnait, il avait l’air quelque peu désappointé. Nous n’eûmes pas