Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome I.djvu/109

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rable. L’un d’eux m’assura avoir eu un jour pour sa part plus de six mille francs. Il calculait sans doute qu’en tenant compte du besoin d’exagérer particulier à sa nation, je pouvais approximativement trouver le chiffre demandé. C’était un moyen nouveau de répondre à mes questions.

Séparé du reste des habitants, cette tribu indienne, qui est d’ailleurs soumise à l’administration du comitat, se choisit tous les deux ans un vayvode particulier. Celui-ci, dont l’élection est déterminée par la majorité des suffrages, exerce sur les autres une sorte d’autorité paternelle, et se charge de certains devoirs qu’il peut plus facilement remplir que les magistrats royaux. Il est tenu, par exemple, d’apaiser les querelles qui s’élèvent entre ses compatriotes. Je présume qu’il a beaucoup à faire.

J’allai voir la maison de l’un des plus riches Gitanos de Clausenbourg. Le maître du logis, qui se nommait Móti, passait pour le premier artiste de la contrée. Prévenu de ma visite, il était venu m’attendre à ma porte en grande tenue, c’est-à-dire son violon sous le bras. Il me conduisit avec une respectueuse dignité vers son habitation, et je fus reçu à l’entrée par sa femme, brave ménagère dont le visage basané se cachait sous les plis d’un mouchoir blanc. Ses filles, qui avaient adopté pour coiffure le mouchoir à raies écarlates, me parurent jolies ; et, après avoir avancé rapidement la tête et jeté un