Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome I.djvu/131

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laient qu’on les attendît, ou du moins que le jeune roi ne s’exposât pas dans la mêlée. Mais d’imprudents conseils prévalurent ; l’armée était impatiente de combattre, et on livra bataille le 29 août. Les hussards, avec leur vigueur ordinaire, chargèrent l’infanterie turque, qui lâcha pied. André Báthori vint annoncer au roi, qui se tenait à l’arrière-garde, que les ennemis fuyaient, et qu’en se montrant, il achèverait la victoire. Tout à coup les Turcs démasquèrent leurs canons. Les Hongrois combattirent bravement à dix pas des batteries ; mais peu à peu le désordre se mit dans leurs rangs, ils se débandèrent, le roi disparut dans un marais, dès lors la victoire leur échappa. Deux archevêques, cinq évêques, vingt-trois chevaliers de Malte, et cinq cents des premiers gentilshommes du royaume, périrent dans cette bataille, qui ne dura qu’une heure et demie. C’est à peine si cinq mille hommes s’échappèrent ; le reste se noya ou fut égorgé.

L’armée ottomane, marquant son passage par des incendies et des massacres, se dirigea vers Bude. Cette capitale fut emportée et livrée aux flammes. Les églises, les palais, furent dépouillés ; la fameuse bibliothèque que Mathias Corvin avait réunie à grand frais, dispersée ou consumée. En se retirant les Turcs emmenèrent deux cent mille captifs. Rien n’était perdu encore si les magnats fussent restés unis ; mais ils ne surent pas étouffer leurs rivalités devant le malheur commun. Jean