Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome I.djvu/132

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Zápolya, élu d’abord pour succéder à Louis II, fut dépossédé par la Diète de Presbourg, et son rival Étienne Báthori parvint à faire conférer la dignité royale à Ferdinand. Les princes allemands possédèrent enfin cette couronne de Hongrie, convoitée depuis cinq siècles.

Le désastre de Mohács est le fait le plus saillant de l’histoire des Hongrois. Il les a livrés à l’Autriche. Là est tombée la vieille Hongrie, la Hongrie chevaleresque d’André II et de Mathias, et elle ne s’est plus relevée. Après Mohács, plus de rois nationaux choisis sur le Rákos entre les plus braves, plus de Diètes à cheval qui décrètent par acclamation la guerre contre les Infidèles. « La reine des nations[1] » s’efface, disparaît sous le protectorat des empereurs. Aussi cette bataille est-elle consacrée par les souvenirs populaires. On chante « l’air de Mohács », et à ce seul nom se rattachent une foule de légendes douloureuses. Aujourd’hui encore le peuple raconte que le matin de la bataille un cavalier couvert d’une armure noire se présenta devant la tente du roi. Ce prince refusa de le voir, et lui envoya un de ses officiers, richement vêtu. « Tu n’es pas le roi, s’écria le cavalier ; Louis ne m’a pas entendu, malheur, malheur à lui ! » Et il disparut sans que personne pût dire quel chemin il avait pris.

  1. Les Magyars disaient au moyen âge : Hungaria Domina gentium.