Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome I.djvu/176

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gardées les archives et où se traitent les affaires du comitat. Les « congrégations » ont un aspect extraordinaire, parce que ceux qui viennent y exercer leurs droits de gentilshommes cultivent pour la plupart la terre de leurs mains. Il faut se rappeler en effet qu’après la conquête tous les Magyars, chefs et soldats, étaient nobles, et que ceux seulement furent réduits à l’état de serfs qui avaient subi une peine infamante. Plus tard les princes de Transylvanie anoblirent une foule de paysans. Aussi voit-on dans les campagnes, comme en Hongrie, quantité de gentilshommes qui, par leur costume et leur manière de vivre, se confondent parfaitement avec le reste des villageois. On les appelle bocskoros nemes ember, « nobles en sandales », à cause de leur chaussure campagnarde. Ils viennent dans leur costume habituel aux assemblées de comitat pour donner bruyamment leur avis. Pressés par centaines dans la salle des séances, ces hommes simples, qui ne savent pas maîtriser leurs passions, forment l’auditoire le plus impressionnable qui se puisse voir. Le cou tendu, l’œil fixe, ils écoutent les orateurs improvisés qui se lèvent tour à tour au milieu d’eux, et ils expriment leur mécontentement ou leur satisfaction brièvement, avec une rude franchise.

On distingue dans le comitat des villes libres et des villes nobles. Les premières, entre lesquelles on compte Clausenbourg, Carlsbourg, etc., étaient appe-