Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome I.djvu/190

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Balika n’avait plus que deux compagnons quand il fut tué dans son aire. On voit encore des traces de fumée, et les constructions qui fortifièrent la redoutable caverne à laquelle les paysans ont donné son nom. Plus d’une fois, au reste, ces grottes ont joué un rôle dans les guerres de Transylvanie. Une charte du 13e siècle montre que les Tatars s’y étaient alors réfugiés. Vers le même temps les Sicules s’y retranchent, poursuivis par les Tatars qui ravagent la vallée de l’Aranyos ; puis, quand les ennemis sont dispersés, ils tombent sur eux à l’improviste, et les chassent.

Tout le pays compris entre Thorda, Toroczkó, et les montagnes indiquées sur la carte, semble avoir été déchiré par quelque commotion terrible. On ne voit partout que des rochers brisés ou divisés violemment. D’Enyed à Toroczkó, on suit durant trois quarts d’heure un ravin qui passe entre des murailles de Titans, et qui tourne sans cesse suivant les caprices du roc. À chaque minute la scène change. Les rochers se penchent en avant, ou s’élèvent perpendiculairement jusqu’à une hauteur effrayante, en conservant de chaque côté des contours parallèles. Par intervalles, des torrents viennent bondir sur le chemin, c’est-à-dire sur le roc que les roues ont usé. Au dessus, les aigles planent.

Dès qu’on s’est engagé dans les montagnes rocheuses de Toroczkó, on voit se former de beaux paysages, qui grandissent à mesure qu’on s’élève, et qui deviennent