Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome I.djvu/189

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haut en bas. De chaque côté, la montagne a la même forme, la même hauteur ; au fond coule un torrent, ce qui fait présumer que les eaux amoncelées ont ouvert le roc. Si l’on traverse dans toute sa longueur cette gorge extraordinaire, on trouve à l’extrémité opposée deux murs de rochers brisés et séparés, de telle façon que les anfractuosités coïncident parfaitement ; en sorte que, si une force surnaturelle poussait l’une vers l’autre les deux parties de la chaîne, les rochers s’engrèneraient, si on peut ainsi dire, et la montagne se refermerait dans toutes ses parties. Aux flancs de ces murs de roc sont deux grottes, placées précisément l’une en face de l’autre. On les appelle Cavernes de Ladislas, car la légende veut que le saint monarque, pour frayer un passage à son armée, ait fendu la montagne d’un coup de sabre, ou mieux encore Cavernes de Balika. Pendant la « Croisade », lorsque Rákótzi battit en retraite devant le général autrichien Heister, un chef de partisans nommé Balika se retira dans les cavernes de la Crevasse. Les Impériaux le bloquèrent ; mais il les bravait du haut de ses rochers. Un chemin souterrain conduisait de là à un village éloigné, nommé Jára. Les partisans recevaient des vivres par cette voie. Cependant la famine se fit bientôt sentir chez les paysans ; ils en refusèrent. Balika, qui n’avait pas d’autres ressources, en prit de force. Alors l’issue du souterrain fut montrée aux Autrichiens. La bande affamée périt homme à homme, et