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Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome I.djvu/217

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cain. Elle portait une robe de couleur foncée ; un châle noir à ramages de couleur était roulé autour d’elle, et un long mouchoir noir qui lui ombrageait le visage pendait sur son dos. La seconde avait pour costume une veste à la hussarde, de velours noir, un jupon à fleurs, et des bottines. Ses cheveux, brillants comme le jais, disparaissaient en partie sous un voile de gaze, et, en encadrant le visage, donnaient de l’éclat à la blancheur mate de son teint. Elle avait une sorte de beauté mélancolique que j’ai trouvée souvent chez les femmes de sa race qui n’étaient pas dégradées par la misère. Après que Móti eut joué quelques préludes, elles se mirent en devoir de danser. Leurs gestes et leurs pas étaient lents. Elles se tenaient par la main, s’éloignaient, marchaient l’une vers l’autre en se tendant à demi les bras, et faisant flotter leurs voiles, puis se rejoignaient pour exécuter ensemble des mouvements expressifs. Móti avait déposé son instrument. Elles accompagnaient elles-mêmes leurs danses en chantant, dans une mesure extrêmement lente, un air d’une grande douceur et d’une touchante mélancolie, qui exprimait tour à tour la tendresse et le repentir, car la voix vibrante de l’une et les notes graves de l’autre prenaient le dessus suivant le sens des paroles. La danse et surtout les voix me frappèrent tellement, que je n’ai pu m’empêcher de reproduire cette chanson bohémienne.

Les Gitanes sont adroits, vifs et alertes. Ils font tout