Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome I.djvu/279

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défendant la chrétienté des guerres effroyables oubliées aujourd’hui, et qui verse son sang depuis trois siècles au profit de princes ingrats, pour des querelles qui ne sont pas les siennes.

Hunyade gagna sur les Turcs plus de soixante batailles, et ne vit la victoire lui échapper que dans trois combats. Il illustra trois règnes. Il était déjà la terreur des ennemis du nom chrétien quand le roi Albert mourut. Loin de prendre parti pour sa veuve, ce qui lui eût donné l’occasion d’agrandir sa propre puissance, il fut de ceux qui appelèrent au pouvoir Uladislas, roi de Pologne, lequel était plus capable de défendre la Hongrie. À peine le nouveau souverain est-il affermi sur son trône que les Turcs apparaissent menaçants sur la frontière. Hunyade vole au devant d’eux : il les bat coup sur coup à Belgrade, à Szent Imre, aux Portes de Fer. Un jour il précède l’armée hongroise à la tête de douze mille hussards. Il rencontre successivement trois corps de troupes, commandés chacun par un pacha, et les écrase. Comme il revenait vers le camp royal il voit tout à coup se développer dans une grande plaine les lignes innombrables des Turcs. Jetant les yeux sur les cavaliers qui le suivaient, il s’arrêta un moment et parut hésiter. Puis, haranguant les siens, il se précipita hardiment sur l’armée ottomane, s’empara dans la charge de quelques chefs ennemis, et les amena à Uladislas. Amurat, furieux de tant d’échecs, lança contre les Hon-