Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome I.djvu/282

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rains resteront muets. Certain qu’il n’avait rien à espérer du dehors, et qu’il ne devait compter que sur les Hongrois seuls, Hunyade attendit patiemment l’occasion de venger la défaite de Varna. Il commença par écraser les comtes de Citley, qui avaient formé en Esclavonie une sorte de principauté indépendante, et dont la fidélité était suspecte. Cependant l’empereur gardait Ladislas V à Vienne et s’opposait à son départ pour Bude. Frédéric pressentait que le moment était proche où cette belle couronne de Hongrie allait définitivement tomber aux mains de la maison d’Autriche, qui l’avait convoitée pendant tout le moyen âge.

Les nobles hongrois s’assemblèrent sur la plaine de Rákos, qui servait à l’élection des rois, et nommèrent Jean Hunyade gouverneur du royaume de Hongrie. Avec les subsides qu’ils lui accordèrent, il put ramener dans le devoir la Valachie et la Moldavie, qui aspiraient à l’indépendance, et ravager les états de Frédéric. Il ouvrit enfin la campagne contre les Turcs avec une armée de quarante mille Hongrois. Les ennemis comptaient cent cinquante mille soldats. Une bataille dura tout un jour sans résultat décisif. Le lendemain, tandis que Hunyade mettait en déroute l’armée d’Asie, celle d’Europe tomba sur ses derrières et enleva la victoire aux troupes chrétiennes. Plus de huit mille Hongrois périrent, mais trente-quatre mille Ottomans restèrent sur le champ de bataille. Hunyade lui-même