Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome I.djvu/281

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déjà la chrétienté sauvée, et pensa que ce magnifique résultat devait être obtenu même au prix de sa parole violée. Après avoir risqué sa vie, il sacrifiait son honneur. Cependant ce fut avec une répugnance visible qu’il promit au cardinal de recommencer la guerre. L’armée elle-même n’approuvait pas cette rupture. Les cavaliers dans leur loyauté se disaient que le bon droit n’était pas pour eux. Quiconque connaît le caractère hongrois et sait quel profond respect le dernier paysan professe pour la justice pourra prévoir le résultat de la nouvelle lutte qui s’engage. La bataille fut livrée devant Varna. Uladislas ayant péri au commencement de l’action, les Hongrois virent dans cette mort un coup du ciel, perdirent courage et se laissèrent battre. Aucun des princes chrétiens n’avait envoyé les troupes promises.

Échappé au carnage, Hunyade fut fait prisonnier par le vayvode de Valachie, Drakula, qui, sur les menaces des magnats de Hongrie, lui rendit la liberté. Il engagea la Diète à donner la couronne au fils d’Albert, que l’empereur Frédéric retenait à Vienne : avant tout il voulait que les discordes qui accompagnaient l’élection des rois fussent étouffées. Quand le choix du jeune Ladislas fut arrêté, il tourna toute son ardeur contre les Turcs. Il réclama les secours des rois de l’Europe. Charles VII de France promit de lui venir en aide aussitôt qu’il aurait chassé les Anglais de ses états. Les autres souve-