Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome I.djvu/289

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n’ignorait pas qu’il avait reçu en héritage la haine du comte de Cilley. Ses amis interceptèrent une lettre où Ulric promettait à son beau-père, Brankovitz, la tête du jeune Hunyade. Quand le roi arriva à Belgrade avec sa cour, Ladislas résolut d’exprimer à Ulric son indignation. Il le fit appeler à la maison de ville un jour que le roi se rendait à l’église. Aux reproches qui lui furent adressés Ulric répondit par de nouvelles accusations : les deux ennemis s’animèrent, et la dispute devint si vive, que Cilley, tirant l’épée, frappa Ladislas, qui était sans armes. Celui-ci eût été tué s’il n’eût paré le coup avec le bras droit ; il reçut une large blessure à la tête. Au bruit, les nobles hongrois, qui ne quittaient pas le jeune Hunyade, se précipitèrent dans la salle, et, voyant qu’Ulric avait attaqué Ladislas désarmé, ils se jetèrent sur lui et le tuèrent à coups de sabre.

Ladislas parut devant le roi, accusant Ulric d’avoir lui-même hâté sa mort. Le roi répondit par des paroles de pardon, mais quitta sur-le-champ Belgrade. À Temesvar, il trouva la veuve de Jean Hunyade, Élisabeth Szilágyi, qui venait à sa rencontre, suivie de son plus jeune fils, Mathias. Tous deux étaient vêtus de noir. Le roi les accueillit gracieusement, les consola, parla de la gloire du gouverneur, et, faisant apporter de belles étoffes de velours rouge, leur ordonna de quitter les habits de deuil. Il promit à Élisabeth de ne venger jamais la mort du comte de Cilley ; il en fit serment sur le corps