Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome I.djvu/313

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l’occasion de tuer un contrôleur qui les avait surpris en flagrant délit de vol. Cet employé le savait.

Un jour les habitants de Bucsum eurent je ne sais quelle contestation avec l’autorité. On fit venir des grenadiers et des hussards. Il fallut une heure de combat pour les ramener. Du reste, vifs et ardents, ces Valaques sont un peu fatalistes. Il ne se passe pas de semaine qu’un ou plusieurs mineurs ne soient blessés ou tués, grâce à l’imprudence qu’ils professent, sous prétexte que ce qui doit arriver arrive. Est-ce l’habitude de rire du danger qui les rend caustiques, comme les marins ? En visitant les mines à Veres-Patak, je remarquai sur leurs figures ce sourire qui épanouit le visage des matelots quand un candide Parisien se hasarde à mettre le pied sur quelque bâtiment. Un médecin donnait des soins à un Valaque dangereusement blessé. La cure fut longue, et le malade ne cessa de répéter au docteur qu’il le croyait peu savant dans son art, puisqu’il ne pouvait le tirer d’affaire. Quand vint la guérison, le médecin se félicita. « Cela ne vous regarde pas, dit l’autre ; Dieu l’a voulu, voilà tout. »

Je ne quitterai pas Vulkoj sans dire quelles compensations j’y ai trouvées aux fatigues de la route. Il y a peu de plaisirs plus vifs que celui qu’éprouve le voyageur lorsqu’au détour du chemin, vers la fin de la journée, il aperçoit la maison qui doit s’ouvrir pour lui. Mais le plaisir est doublé quand ce toit hospitalier qu’il voit