Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome I.djvu/352

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ou de la maison voisine, et laissent dans l’âme de celui qui écoute une impression pénible. Certaines mélodies, comme les airs de danse, ont au contraire une allure vive, enjouée, attaquante, qui rappelle la nature méridionale des Valaques : elles ont alors quelque chose de désordonné et de sauvage. Pendant la vendange, les paysans de corvée sont chargés d’écraser le raisin dans d’énormes cuves. Ils s’acquittent de ce travail, comme de tous les autres, avec une parfaite nonchalance. Mais qu’un Bohémien arrive avec son mauvais violon, ils piétineront pendant des heures entières au son de la musique, sans s’apercevoir de leur fatigue.

La paresse du Valaque est celle du lazzarone. Il a peu de besoins, et il les satisfait sans trop de peine. En outre, les habitudes d’ordre et de travail ne peuvent lui être familières : car il n’y a qu’un demi-siècle qu’il est émancipé, et dans le servage, quand d’autres tirent profit de ses peines, l’homme n’exerce guère son activité. Tandis que le Valaque s’abandonne à une prodigieuse insouciance, sa femme fait preuve d’un caractère laborieux. Elle sème avec lui, elle prépare la nourriture, elle tisse, elle file même en marchant. Dans les rares moments où les besoins de son ménage ne la réclament pas, elle brode ses élégantes chemises. Ce travail incessant la flétrit rapidement, et lui fait perdre trop tôt cette beauté qu’elle tient de son origine. Les paysannes valaques ont souvent ce type particulier que