Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome I.djvu/36

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vaincre, il suffit d’entendre son langage. Le mot « honneur », becsület, revient souvent dans ses paroles. Tout ce qu’il fait est becsületes, « digne d’un homme d’honneur ».

Lorsqu’il vient de vous mener au galop pendant tout un relais, ne croyez pas qu’il demandera son pourboire. Il dételle ses chevaux, se découvre poliment, et, vous adressant la parole dans sa langue figurée, vous souhaite bon voyage. Il faut le rappeler pour lui remettre la monnaie qu’il a gagnée, et, si peu que vous lui donniez, il ne réclamera point. Cela ne serait pas becsületes, et il laisse le soin de tendre la main à l’Esclavon, qui, en effet, s’en acquitte fort bien. Il entre dans les idées d’honneur du paysan magyar de n’être ni avide de gain comme l’Allemand, ni paresseux comme le Valaque. Il travaille honorablement, comme un homme qui a une maison à soutenir. Il apporte au village le grain dont sa femme fera le pain, le chanvre avec lequel elle tissera ses vêtements. Le soir, quand il a bien rempli sa journée, il fume devant sa porte en caressant sa moustache.

S’il est le maître au logis, il n’en traite pas moins avec bonté ceux qu’il appelle ses gens. Il est doux, comme tous les forts. Il ne maltraite jamais sa femme : jamais il ne l’astreint à des travaux pénibles. Elle sait qu’elle a en lui un appui, un protecteur ; et elle reçoit de lui les noms les plus tendres, rozsám, « ma rose », csillagom, « mon étoile ». La langue magyare, pleine de